Témoignage de Glenn, enseignant titulaire dans une école publique située en REP, dans le département de la Gironde.
Est-ce que tu suis les élèves sur plusieurs années ?
Malheureusement, pas encore ! Je n’avais au départ que des GS et en 2017, en raison des effectifs, j’ai eu un petit groupe de MS en plus et c’est cette année là que je me suis lancé en pédagogie Montessori. J’ai demandé les années suivantes à pouvoir garder ce double niveau en présentant l’intérêt pédagogique à mes collègues qui ont accepté. Je suis donc mes élèves sur 2 ans.
La première chose très agréable, c’ est de pouvoir faire une rentrée avec une moitié de classe que l’on connait déjà, qui a ses repères, qui connait le fonctionnement et qui va pouvoir nous aider à accueillir les nouveaux élèves.
La seconde est probablement la richesse qu’apporte ce mélange des âges. Les plus jeunes sont très observateurs des grands à leur arrivée et les plus grands prennent leur rôle de « tuteurs » assez naturellement. Ils se créent ainsi des échanges, sans l’enseignant, mais qui peuvent être tout aussi riches et j’oserai même dire, parfois plus « clair »pour eux, en raison de la proximité d’âge des enfants !
Ta formation ?
C’est vraiment Public Montessori qui m’a mis le pied à l’étrier ! En 2016, je me suis rendu à une soirée pour la projection d’un film tourné dans la classe unique de maternelle du village où je réside. L’enseignant y pratiquait entre autres les pédagogies Montessori et Steiner. C’est ce même soir que j’ai rencontré le groupe départemental 33 de Public Montessori qui tenait un stand.
Ce n’est que l’année suivante que je me suis décidé à venir participer à une réunion et la visite d’une classe entièrement équipée en matériel Montessori a été une véritable révélation !
C’est toujours lors de l’une de ces réunions, que j’ai rencontré Agnès Putoud et que j’ai décidé d’aller me former auprès d’elle, avec la recommandation des délégués départementales du groupe.
J’ai participé à une première session de 2 semaines qu’elle avait spécialement dédié à des enseignants. Elle était accompagnée de 2 enseignantes du public, qui pratiquait elle même cette pédagogie depuis de nombreuses années et qui ont été de vraies ressources concernant toute la problématique du lien entre l’ Éducation nationale et la pédagogie Montessori.
J’ai pu suivre deux autres semaines de formation pour enrichir mes connaissances sur les aires mathématique et langagière mais je n’ai malheureusement pas pu faire les 2 dernières semaines car Agnès a stoppé entre temps son activité…
J’ai par ailleurs suivi 2 autres week-ends de formation, un avec Gladys Brégeon autour des arts et un avec Stéphanie Lepretre sur le geste d’écriture.
Je profite donc de ce témoignage pour remercier encore Public Montessori et toutes les personnes que j’ y ai rencontré car ma pratique de classe ne serait pas ce qu’elle est sans elles !
Comment se former côté savoir être ?
En premier lieu, ce sont encore une fois les échanges lors des rencontres Public Montessori qui m’ont permis d’aborder cette thématique. J’ai ensuite beaucoup appris en formation et dans les lectures de Maria Montessori.
C’est surement un des points les plus sensibles de cette pédagogie car cela implique de vraiment changer sa posture d’enseignant selon moi.
La pérennité de cette posture est aussi très liée à l’adhésion de l’ATSEM à ce projet ainsi que, à minima, à son acceptation par les autres collègues même s’ils ne la pratiquent pas…
As-tu tout le matériel et comment te l’es-tu procuré ?
Après ma première visite dans une ambiance Montessori, je me souviens m’être tout de suite mis à courir les brocantes, vide-greniers, afin d’acquérir du matériel pour créer une aire de vie pratique et j’ai passé les 15 jours de mes vacances de Toussaint à complètement modifier ma classe !
Au fur et à mesure des différentes rencontres du groupe départemental, j’ai découvert toute la richesse des différentes aires avec le matériel associé, les écrits de Maria Montessori, les présentations… et j’ai peu à peu fait l’acquisition de matériel sensoriel, mathématique et langagier, sur mes propres fonds en me faisant la réflexion que si je changeais d’école, je pourrais partir avec tout mon matériel !
J’ai expérimenté différents fournisseurs, compris que certains étaient fiables (et d’autres non !) mais le partage de bonnes expériences et bonnes adresses avec les autres collègues est surement le plus efficace !
Côté mobilier, j’ai composé avec ce qui était déjà présent dans la classe, en faisant surtout un gros tri pour « désencombrer » une classe surchargée. J’ai détourné certains meubles pour en avoir un nouvel usage et finalement complété avec quelques étagères IKEA ®(Ivar). Il n’a pas été évident de faire comprendre à certains collègues que j’allais enlever, ma dinette, mon coin bébé, mon énorme bureau, des grosses tables rondes… !
Heureusement certains ont noté la clarté et le soin apportés, la fluidité de déplacement retrouvée ce qui m’a aussi encouragé.
Je pense être plutôt complet sur les aires de :
- vie pratique
- sensorielle (il me manque les fameuses clochettes et par ailleurs en tant que musicien, elles me font beaucoup de l’œil !)
- langage (je suis entrain de terminer mes pochettes d’homophones, des dictées muettes et pochettes de lecture de certains sons complexes et vais m’attaquer aux fiches studia)
- mathématique (il me manque les chaines des carrés et des cubes)
Il me reste par ailleurs à étoffer mes plateaux d’expériences scientifiques et à compléter ma collection des puzzles de géographie.
Tes résultats ou observations concernant la réduction des inégalités sociales, l’intégration de publics spécifiques…
Mon école depuis 7 ans, est située en REP. Le public y est hétérogène mais il existe de grandes différences de milieux socio-culturels. Je n’aurais pas la prétention (ou peut être pas assez de recul) pour dire que ma pédagogie réduit les inégalités sociales ou permet de mieux intégrer des publics spécifiques. En revanche, je trouve intéressant de pouvoir offrir une méthode aussi riche à un public que l’on associe pas d’emblée à l’image de celui des « classes Montessori ».
Les résultats les plus clairs qui me viennent sont :
- l’ouverture et l’épanouissement d’enfants timides et réservés
- le développement d’une autonomie, d’une volonté, d’une force et d’un plaisir au travail.
Public Montessori ?
Comme dit plus haut, je leur dois vraiment d’en être là où je suis dans ma pratique de classe !
Je ne pense pas que je me serais lancé sans leur soutien et leurs conseils avisés. C’est par ailleurs un formidable lieu d’échange et d’inspiration avec les collègues, sur nos pratiques, notre matériel, notre organisation de classe…
C’est aussi l’occasion de recevoir des petites formations sur des thématiques précises ou de créer du matériel à se partager entre membres du GD.
Par ailleurs je suis avidement toutes les petites conférences thématiques proposées en visio que je trouve très riches !
C’est d’ailleurs pour cette raison (que l’association m’a tant aidé à me lancer) que je voulais en retour pouvoir aider, et que j’ai accepté de prendre des responsabilités et d’intégrer le CA de Public Montessori.
NB : Je n’ai pas encore eu l’occasion d’inviter les collègues du GD 33 à faire une réunion dans ma classe mais cela pourra surement bientôt être le cas car je change d’école pour la rentrée 2021-2022. Je rejoins deux collègues (dont Bérengère, DD du GD 33) travaillant elle aussi en pédagogie Montessori et nous aurons donc 3 classes de PS/MS/GS à la rentrée ! J’ai donc hâte d’y être et de pouvoir travailler avec toute une équipe d’école fonctionnant en pédagogie Montessori ! Ce sera peut-être l’occasion d’un futur témoignage pour mesurer tout l’intérêt d’une équipe ayant une pratique montessorienne…