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Témoignages

Une classe Montessori dans une école publique de Loire-Atlantique. Témoignage de Emilie Garand.

Témoignage d’Émilie, enseignante d’une classe de PS-MS-GS et directrice de son école dans le public à Saint Sébastien sur Loire, dans la banlieue nantaise (Loire Atlantique).


 

Est-ce que tu suis les élèves sur leurs 3 années de maternelle ?

Oui. Cela fait 10 ans que je suis directrice de mon école, une maternelle de 5 classes. Après 5 ans de TPS-PS, j’ai évolué vers une MS-GS pendant un an. J’ai une classe PS-MS-GS depuis 4 ans. Cela fait donc 5 ans que je garde mes élèves d’une année sur l’autre jusqu’à ce qu’ils quittent la maternelle pour aller en CP. Le mélange des âges dans la classe est source d’une grande richesse pour les enfants et le fait de les garder pendant 3 ans participe aussi à cela : les enfants ont leur repères dans la classe et après avoir été aidés à leur arrivée la première année, ils peuvent à leur tour aider les plus jeunes les années suivantes. L’ambiance de classe s’en trouve favorisée, tout se fait de façon très naturelle. Il y a certaines activités que je n’ai quasiment pas besoin de présenter aux nouveaux, car les « anciens » s’en chargent. De mon côté, c’est aussi beaucoup plus simple d’accompagner chaque enfant au plus près de ses besoins, car je les connais très bien. Je n’ai pas à redécouvrir de nouveaux élèves chaque année.

Même si nous pourrions en faire, nous n’avons pas de simple niveau pour les PS dans mon école, justement pour la richesse que le mélange des âges apporte aux enfants et aux enseignantes. J’explique donc aux familles lors de l’inscription que contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que les plus jeunes qui profitent du mélange des âges grâce au modèle des plus âgés, mais que les plus âgés :

  • développent un langage plus précis (pour expliquer clairement quelque chose à un enfant plus jeune),
  • développent des savoirs-être comme l’empathie, la coopération et la bienveillance au contact des plus jeunes,
  • et fixent mieux leurs apprentissages lorsqu’ils doivent les expliquer à d’autres enfants.

Ta formation ?

Je suis tombée dans la pédagogie Montessori il y a 10 ans, lorsqu’à mon arrivée dans ma nouvelle école j’ai voulu faire évoluer ma pratique car avant je n’avais jamais eu de TPS-PS. J’ai mis en place des ateliers de vie pratique (car j’avais vu l’idée sur le site « ecolepetitesection ») puis en voulant me documenter un peu plus sur le sujet, j’ai découvert que cela venait de la pédagogie Montessori. J’ai alors beaucoup lu, d’abord sur le net, puis dans des forums et des groupes facebook. J’ai lu aussi les ouvrages de Maria Montessori et d’autres. J’ai découvert des personnes formidables comme Valérie Maëstre, qui m’ont grandement aidée de par leurs interventions sur les groupes de discussion Montessori.

Pendant l’été 2016, j’ai assisté au premier accompagnement de Céline Alvarez, ce qui m’a permis de rencontrer des collègues venues comme moi de Loire Atlantique (Stéphanie Leprêtre notamment). Nous avons commencé à nous réunir pour des échanges de pratique, puis en 2017, j’ai accepté de devenir déléguée du GD44 de Public Montessori. Depuis, avec les adhérentes du GD44, nous avons fait venir plusieurs formatrices :

– Véronique Moulin pour 5 jours sur tout le 3-6 ;

– Gaëlle Bieth pour 5 jours en approfondissement langage-maths ;

– Stéphanie Leprêtre pour sa formation écriture et Montessori (organisée sur 2 week-ends car il y avait trop de demandes!).

Les formations ont toutes eu lieu dans ma classe, et pour cela je remercie grandement la ville de Saint Sébastien sur Loire, qui accepte systématiquement mes demandes de mise à disposition des locaux, que ce soit pour les formations ou certaines réunions du GD44.

Comment se former côté savoir être ?

C’est ce qui est le plus difficile mais également le plus important dans cette pédagogie. On peut avoir tout le matériel, si on n’applique pas les savoirs-être de l’éducateur Montessori, cela ne fonctionnera pas. Je pense que ça s’acquiert au fil du temps, par les lectures, les échanges réguliers sur les groupes de discussion et lors des échanges de pratiques pendant les réunions Public Montessori.

As-tu tout le matériel et comment te l’es-tu procuré ?

Au départ, j’ai fait la razzia chez moi et chez ma mère de tout ce qui pouvait servir pour des ateliers de vie pratique (pinces, pichets, contenants, petites coupelles, assiettes, etc…). J’ai aussi écumé les vide-greniers. Ensuite, je me suis équipée pour pouvoir construire des choses par moi-même (scie à chantourner, ponceuse, etc.). J’ai fabriqué beaucoup des choses (barres rouges, barres rouges et bleues, les socles pour les ranger, les 2 tables de Seguin, etc). Depuis, chaque année, je consacre une part importante de mon budget de rentrée pour m’équiper d’avantage puis remplacer progressivement les ateliers fabriqués qui commencent à se dégrader. Je me fournis dès que je peux en petits plateaux blancs chez Action. J’ai désormais quasiment tout le matériel.

La mairie de Saint Sébastien sur Loire a accepté il y a 3 ans de me fabriquer des étagères personnalisées, selon un plan que je leur avais fait : j’ai donc une grande zone avec 4 planches d’étagères d’un bout à l’autre sur un des murs de ma classe, et au-dessus, des placards à portes coulissantes pour ranger le matériel. Les étagères en dessous permettent de laisser toute cette zone accessible aux enfants, c’est très pratique.

Tes résultats ou observations concernant la réduction des inégalités sociales, l’intégration de publics spécifiques…

Le public de mon école est assez mixte. Je trouve que c’est très important de pouvoir offrir aussi à ces enfants cette pédagogie qui leur permet de s’épanouir et de développer le plaisir d’apprendre et de comprendre. J’ai toujours été très attachée à défendre les intérêts des enfants de l’école publique, et leur offrir cette pédagogie est pour moi une façon de « faire ma part ».

Public Montessori ?

L’association dont je fais partie depuis 4 ans est une formidable occasion d’échanger avec des collègues ayant les mêmes aspirations que moi. Les échanges avec les adhérentes du GD44 sont riches et nous permettent à la fois d’échanger sur nos pratiques, de s’inspirer des idées des autres, mais aussi d’aider des collègues à oser se lancer dans leurs classes.

J’ouvre ma classe à tout collègue qui veut (et peut) venir en observation le mercredi matin. J’aime échanger sur la pédagogie Montessori avec nos visiteurs, j’en profite pour parler de l’association aussi ! Mes élèves sont habitués à ces visites régulières, et sont très volontaires pour expliquer le fonctionnement de la classe aux personnes qui viennent en observation. C’est très riche aussi pour les enfants !

J’ai un blog, sur lequel j’essaie de partager régulièrement des choses que je conçois pour ma classe mais qui peuvent intéresser des collègues (outil de suivi des ateliers, mes fabrications, etc.). Dans mon dernier article le 5 avril, j’ai mis en ligne une vidéo pour faire visiter virtuellement ma classe. A voir sur le lien suivant :

http://emilie44.over-blog.com/2021/04/video-de-visite-de-ma-classe.html

 

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